A l'origine la quenouille est un simple bâton qui devient au fil du temps un véritable objet d'art populaire. Elle est la compagne de la fileuse au côté du fuseau ou du rouet pendant les veillées hivernales. A chaque femme sa quenouille, hors de question d'utiliser celle de sa mère. Elle fait partie intégrante du trousseau de mariage. C'est un outil indispensable pour travailler les textiles qui servaient à la confection des vêtements, des draps et des couvertures du foyer. Dans certaine vallée, elle est offerte par les parents, dans d'autres elle devient le support d'expression du bien aimé qui sculpte, décore, orne avec amour, la quenouille destinée à sa fiancée. La forme, les motifs décoratifs et la technique mise en oeuvre varient selon les us et les coutumes locales. Dans la vallée de Chamonix, les quenouilles sont simples comme celle-ci qui chargée de sa quenouillée est prête à être filée. Avant d'être placée sur la quenouille et afin de faciliter le filage, la filasse est préalablement préparée : une grosse poignée est nouée au milieu d'une grande ficelle. Le tout est ensuite attaché à la ceinture de l'artisan et les fibres positionnées sur un des genoux. Les fibres sont alors séparées en brins égaux jusqu'à former un éventail. L'opération est répétée par couches successives en alternant le sens de travail. La ficelle est ensuite coupée pour laisser place à la quenouille qui est installée le long d'un des côtés de l'éventail. Ce dernier est maintenu serré au sommet de la quenouille et enroulé autour du bâton. L'ensemble des fibres liées entre elles par un ruban forment ainsi la quenouillée. Une fois la quenouille préparée, elle peut être installée directement sur le rouet ou placée sur son pied en attendant d'être filée comme c'est le cas ici.