« A une petite lieue (4 kil.) de Cluse, on passe au-dessous d'une caverne située dans la montagne, à gauche de la grande route. On voit du chemin son ouverture qui ressemble à la bouche d'un four, et qui est située au milieu des escarpements des couches horizontales d'une montagne calcaire. Cette caverne a reçu, comme toutes les cavités de ce genre, qui se trouvent dans les Alpes, le nom de Balme, du gaulois Balma, grotte, antre. » (Philippe-Xavier Leschevin, Voyage à Genève et dans la vallée de Chamouni en Savoie, 1812, p. 132). Cette description ancienne situe la grotte de Balme entre Cluses et Sallanches, dans le rocher surplombant la vallée de l'Arve. Il s'agissait d'une des curiosités naturelles situées sur la route entre Genève et Chamonix. Déjà décrite par Horace-Bénédict de Saussure et Marc-Théodore Bourrit dans les années 1770, cette grotte présente des concrétions calcaires impressionnantes et fut le siège de diverses légendes à travers les siècles. Sur cette estampe, le dessinateur se place près de l'entrée de la grotte dont on devine la profondeur à l'arrière plan. Des voyageurs, à l'allure aristocratique, se tiennent sur leur seuil : un d'entre eux débouche d'une échelle et un autre prend le temps de dessiner. Il s'agit ici d'une lithographie qui a été réalisée d'après un dessin de Louis Villeneuve. Celui-ci visite la vallée de l'Arve en 1827. Mais les figures ont été ajoutées a posteriori par Victor Adam. Cette estampe témoigne des pratiques touristiques de l'aristocratie européenne au début du 19e siècle. Ainsi, les voyageurs cheminaient d'auberges en auberges pour découvrir les curiosités naturelles, telles que les grottes, les cascades ou les glaciers.