Ce ski, qui faisait bien entendu partie d'une paire dont l'un des skis n'a pas été conservé, est de marque Amoudruz. Cet atelier chamoniard fabrique des skis depuis 1920 environ. Le logo de la marque, placé sur la spatule, représente de manière schématique le mont Blanc, sur un fond de ciel bleu. Comme indiqué par une inscription au niveau du patin, un des bois utilisés est de l'Hickory. Cette essence de bois vient d'Amérique du Nord et est très utilisé pour la fabrication de skis dès les années 1920 en France. Mais ce ski n'est pas composé d'une seule essence. En effet, les skis en bois massif, taillés dans un seul bloc de bois, montrent des faiblesses en terme de solidité et de souplesse. Dès le milieu des années 1930, lorsque des colles étanches furent inventées, les fabricants fixent ensemble plusieurs lattes de bois, d'essences et de tailles différentes, afin de créer un ski alliant les qualités des différents bois. Dans cet exemple, le talon, le patin et la spatule sont fait d'essences différentes. Les démarcations se remarquent à l'arrière de la fixation, au niveau de l'inscription « Hickory » et du logo de la marque. La fixation qui équipe ce ski est de marque Ramy, un spécialiste français de fixations de skis. Elle est malheureusement lacunaire, il manque le câble, tendu grâce au levier à l'avant, qui entoure le talon. Les crochets situés sur les côtés permettent de maintenir le talon sur la latte en y passant le câble. Grâce à cela, le talon ne se soulève plus comme c'était le cas dans les fixations plus anciennes, conçues pour des techniques comme le télémark. Ces crochets apparaissent pour la premières fois sur les fixations Kandahar, inventées par Guido Reuge au début des années 1930. D'autres marques reprennent ensuite ce dispositif, qui est utilisé jusqu'au milieu des années 1950, en particulier pour le ski alpin.