Le lac de Chedde (anciennement orthographié Chède) est une curiosité naturelle incontournable pour les visiteurs de la vallée de Chamonix jusqu'à son comblement en 1837. Le géologue Johann Gottfried Ebel (1764-1830) en fait la description suivante, dans son "Manuel du voyageur en Suisse" : "La superbe cascade de Chède, n'est qu'à un quart de lieue de ce village. Au sortir de Chède, le chemin commence à monter, et au bout d'une demi-lieue de marche on traverse un ruisseau remarquable par la rapidité de son cours ; ce ruisseau sort du lac de Chède et se précipite de l'autre côté au bas de la colline. Le charmant petit lac de Chède, dont les eaux réfléchissent avec une netteté admirable les cimes neigées du Montblanc et des montagnes voisines, est situé sur la gauche à quelques pas du chemin" et il ajoute en note "Voyez la belle estampe de J.A Linck, laquelle représente ce petit lac." (Tome 1, p. 275, 1818). Cette estampe est très certainement celle dont parle Ebel, qui précise qu'elle coûtait 18 livres, soit une somme assez importante pour l'époque. Elle représente une vue du lac au premier plan, entouré d'arbres et de rochers, avec un petit pont sur lequel est un homme avec son chien. L'arrière plan est un immense panorama sur le massif du Mont-Blanc. Linck crée une oeuvre harmonieuse, aux tons pastels avec une nature sage et maîtrisée mais il ne sacrifie pas pour autant la topographie des lieux. En effet, les montagnes sont représentées avec rigueur et il est possible de distinguer différents sommets du massif, de l'aiguille du Midi à l'aiguille de Bionnassay. Jean-Antoine Linck possédait un atelier à Genève et a produit, au début du 19e siècle, quelques unes des plus belles gravures aquarellées en grand format de la vallée de Chamonix.