Vestiges de l'accident du Docteur Hamel
2e moitié 19e siècle
Cette boîte entomologique contient des vestiges de l'accident du docteur Hamel collectés par le peintre-alpiniste Gabriel Loppé (1825-1913) sur le glacier des Bossons, à Chamonix, au mois d’août 1863. Pendant l'été 1820, le Docteur Joseph Christian Hamel, conseiller d’État de Russie, et trois autres clients entreprennent l’ascension du Mont-Blanc. La caravane scientifique est accompagnée par des guides chamoniards. Au réveil du bivouac aux Grands Mulets, le temps est incertain. Les guides estiment qu’il est trop risqué de poursuivre l'entreprise mais le docteur Hamel insiste pour continuer. Après une nouvelle nuit passée au bivouac, le conditions météorologiques ne s'améliorent pas et les guides décident, de manière unanime, qu'il faut faire demi tour. Le Docteur Hamel s'y oppose et exige de reprendre la course sans attendre les guides redescendus dans la vallée pour procéder au ravitaillement. Pendant l'ascension, la caravane est emportée par une avalanche. Trois guides (Pierre Balmat, Pierre Carriez et Auguste Tairraz) perdent la vie. Il s'agit du premier accident mortel sur les pentes du mont Blanc. Cet événement majeur a marqué durablement l'histoire de Chamonix puisqu'il est à l'origine des réflexions qui ont abouti à la création de la Compagnie des Guides en 1821. Il est probable que le peintre Gabriel Loppé était conscient de l'importance de ces vestiges pour l'histoire de la vallée lorsqu'il les découvre sur le glaciers des Bossons en 1863. En effet, cet accident eut un grand retentissement et de nombreux récits font référence à la catastrophe. Cet événement devient « l'archétype de l'accident en montagne » comme le souligne le chercheur Michel Tailland qui note : « d'autant plus que l'on commença à découvrir des débris macabres à l'extrémité du glacier des Bossons à partir de 1861. Le glacier continua à rendre des fragments de corps de temps à autres jusqu'en 1865 » (cf. Michel Tailland, les mises en récit d'un demi-siècle d’ascensions anglo-saxonnes au Mont-Blanc […], 2003). Quelques uns de ces vestiges humains et matériels sont parvenus jusqu'à nous grace à l'attention du peintre qui les a soigneusement conditionnés dans cette boîte entomologique fabriquée à Paris par Deyrolle, maison fondée en 1831 et spécialisée dans le matériel d'entomologie et d'herboristerie.
Boîte entomologique dont le couvercle vitré est scellé avec le fond à la cire. Le chassis de la boîte est en bois et recouverte de papier reliure. A l'intérieur se trouve des fragments de toile de lin, de tricot de coton, de laine marron, de paille tressée et deux dents humaines présentées dans une petite boîte en carton. Le tout est posé sur de la toile en lin blanc et accompagné d'une étiquette cartonnée, percée et renforcée par un œillet métallique.
Histoire
H. en cm : 6; L. en cm : 39.5
2010.0.278
Musée Alpin de Chamonix-Mont-Blanc
Musée Alpin de Chamonix-Mont-Blanc