La plupart des guides du 19e siècle tenaient un carnet de guide dans lequel les clients écrivaient des attestations vantant les qualités du guide lors d'une course. Celui de Jean Mugnier (1807-1881) est utilisé de 1837 à 1864. L'attestation de 1837 a été collée au début du carnet. Il lui a été offert en 1838 par Henriette d'Angeville, qui le commence véritablement avec son attestation rédigée suite à leur ascension au mont Blanc les 3, 4 et 5 septembre 1838. Angeville est la première femme "étrangère à la vallée" à gravir le mont Blanc et elle ne tarit par d'éloges sur Mugnier dont elle loue la "hardiesse" et le "courage extraordinaire" et souhaite que cette attestation "puisse lui faire un titre d'avancement dans la carrière à laquelle il se destine". En effet, Jean Mugnier était alors porteur et c'est l'année suivante, en 1839, qu'il est qualifié de guide. La formation de guide était essentiellement basée sur l'expérience : les futurs guides devaient d'abord servir en tant que porteur et accompagner des caravanes avant de pouvoir passer leur examen. En 1844, Mugnier est aussi le guide d'Auguste Bravais et de Charles Martins qui effectuent des recherches scientifiques dans le massif pendant cinq semaines et notamment pour leur ascension du mont Blanc qui est aujourd'hui considérée comme la seconde ascension scientifique au mont Blanc après celle de Saussure en 1787. Mugnier fait une seconde course avec Henriette d'Angeville en septembre 1846 au cours de laquelle ils font le tour du mont Blanc et l'ascension du mont Buet par une nouvelle voie. Enfin, en août 1855, Mugnier accompagne le peintre Edmund Thomas Coleman au mont Blanc. Celui-ci est considéré comme l'un des premiers peintres de montagne et il est également l'un des membres fondateurs de l'Alpine Club en 1857.