En 1812, Philippe-Xavier Leschevin écrit dans son « Voyage à Genève et dans la vallée de Chamouni en Savoie » : « « M. Linck, très bon graveur, travaille d'après ses propres dessins, et passe une partie de la belle saison à parcourir les montagnes pour y chercher de beaux sujets. Il a séjourné plusieurs semaines cette année (1810) dans la vallée de Chamouni » (p. 58). Ce dessin atteste de cette méthode de travail. En effet, il a été réalisée par Jean-Antoine Linck et représente un paysage de la vallée de Chamonix. Il s'agit ici de la vue sur le bassin de la Mer de Glace depuis la Flégère. Le glacier connaît alors son ampleur maximale et descend jusqu'en fond de vallée pour former le glacier des Bois et donner naissance à la rivière de l'Arveyron. L'aiguille Verte et les Drus, les Grandes Jorasses au fond et l'aiguille des Grands Charmoz dominent la vallée. Le dessin est réalisé à la pierre noire, dans un tracé rapide qui donne le relief général du paysage. Il est rehaussée à la craie blanche pour marquer la présence des glaciers. Ce paysage est une vue classique de la vallée de Chamonix, abondamment représentée à la fin du 18e siècle et au 19e siècle, et très prisée par les touristes. En effet, Linck réalise ce dessin afin de créer ensuite, en atelier, les grandes estampes rehaussées d'aquarelle et de gouache, qui font la renommée de sa boutique à Genève. Ainsi, l'essor de l'estampe de paysage alpin, qui débute à la fin du 18e siècle, accompagne le développement du tourisme dans cette région. Les estampes sont des souvenirs de voyage, facile à transporter et à ramener chez soi pour témoigner des paysages parcourus.