Pendant longtemps, la plupart des graveurs ne font que reproduire et interpréter des oeuvres réalisées par d'autres. Puis, à la fin du 19e siècle, les artistes s'approprient les différentes techniques de gravure et créent des oeuvres originales pour lesquelles ils contrôlent toutes les étapes de création et de réalisation. L'estampe prend alors une valeur artistique supplémentaire. Les artistes limitent le nombre de tirages et les numérotent. Cette estampe d'Edgard Bouillette a été tirée à 100 exemplaires et il s'agit du 43e tirage. Elle représente les environs de Bonneville en Haute-Savoie, au crépuscule. La montagne n'est plus qu'une silhouette sombre dans le lointain alors que la rivière coule dans un paysage triste et désolé et reflète les dernières lumières. L'artiste mèle dans cette oeuvre les techniques de l'eau forte et de l'aquatinte. L'eau forte permet surtout de tracer des lignes franches, ici en noir pour les arbres et le cours d'eau alors que l'aquatinte donne les aplats de couleurs en dégradé, comme pour le ciel orangé.