Ce gobelet en corne gravé d'un rapace au ailes déployées et de l'inscription « Chamonix » est produit et commercialisé par Ambroise Comte (1886-1947), au bourg de Chamonix, au début du 20e siècle. Avec l'avènement du tourisme et afin de répondre à la demande, non seulement des visiteurs mais également des commerçants, les artisans adaptent leur production. Ils réalisent des objets parfois utilitaires, comme ce gobelet, qu'ils gravent à la demande. Celui-ci est décoré d'un rapace aux ailes déployées, marque d'atelier d'Ambroise Comte associée à ses initiales. Le rapace, figure de l'imagerie alpestre et l'inscription « Chamonix » contribuent à l'évocation du souvenir des moments passés en montagne. Dès 1851, les frères Kehrli, sculpteurs sur bois, en hiver à Meyringen, canton de Bern et en été à Chamonix, « tiennent un cabinet d'articles de leur fabrication […] et d'articles en corne de chamois sculptée. Il se chargent de graver tous les noms que les personnes désirent sur les articles vendus par eux (cf. Victor Masse, Recueil de quelques fragments descriptifs de la vallée de Chamonix, 1851). Plusieurs ateliers de tourneurs sur corne, dont on retrouve des factures mises en vente sur les sites de collectionneurs ou conservées dans les archives de l'association des Amis du Vieux Chamonix en 2020, sont attestés dans la vallée de Chamonix au 20e siècle. Ainsi, Ambroise Comte, en complément de son activité de cultivateur exerce celle de tourneur sur corne. Il produit notamment des gobelets et des bâtons de marche. Un certain H. Charlet, exerçant en 1934, est spécialisé dans la corne marbrée et la production de « souvenirs pour villes d'eaux et stations de montagne ». Jean Favret Lambert (1864-1927) est guide et tourneur sur corne, propriétaire de son atelier rue des moulins. Il aurait exercé la profession de tourneur sur corne de 1911 à 1921. Gustave Tairraz (1866-1900) exerce en complément du métier de guide celui de tourneur aux Praz de Chamonix. Joseph Simond (1841-1925) exerce également les deux professions de guide et de tourneur. Il reçoit de nombreux prix départementaux et expose lors de l'exposition internationale alpine à Grenoble en 1892. François Payot (1880-1964) possède « une fabrique de tabletterie en cornes de bœuf » et se spécialise dans la gravure en transparence. Son fils Angel Payot (1910-1984) lui succède et continu de produire, comme ses prédécesseurs, des gobelets, des salières, des ronds de serviette, des tirelires, des tabatières, etc. La production est destinée non seulement à alimenter les boutiques locales mais elle est également exportée jusque dans les Pyrénées.