Cette estampe a été réalisée d'après un dessin du peintre et lithographe Jean-Jacques Champin publié dans « Album portatif dédié aux amateurs et particulièrement aux voyageurs en Suisse », dans la première moitié du 19e siècle. Cet album regroupe 40 dessins d'après nature agrémentés d'un texte en français et en anglais. Cet ouvrage est à la fois un album, un guide et un précis de dessin de paysage à l'usage des voyageurs en Suisse qui souhaiteraient revenir avec des souvenirs produits de leur main. Au 19e siècle, la lithographie est une technique très populaire qui permet de reproduire une image à l'infini et qui donne l'illusion d'un dessin au crayon. Cette vue du mont Blanc depuis Sallanches illustre les préconisations de l'artiste que ce soit dans la composition ou le trait. Il recommande : « Tracez tout d'abord l'objet qui vous a frappé, et qui par son aspect vous a déterminé à prendre le crayon ; donnez lui sur le papier toute l'importance qu'il a sur la nature». Le massif du Mont-Blanc est sur cette estampe considéré comme tel, il surplombe le village de Sallanches. L'artiste utilise « un coup de crayon fin et délicat pour la représentation des édifices d'une architecture régulière et plus prononcé dans les constructions champêtres ». Les arbres, les rochers, les terrains s'expriment « non pas comme on le fait souvent par un trait continu, mais bien par un cadencement de touche ». Au milieu de l'habitat traditionnel en pierre et en bois, un troupeau d'animaux paisse paisiblement, un paysan transporte sur son dos une botte ou « trosse » de foin et des billons de bois sont entreposés sur le chemin. Le paysage ainsi animé devient l'image d'une nature authentique et pittoresque qui répond au goût romantique des élites de l'époque et stimule l'imagination des voyageurs. Cette estampe éditée à Paris et à Londres témoigne du succès des Alpes à l'échelle de l'Europe occidentale et de l'importance du rôle de la lithographie dans la diffusion des connaissances.