Carte géographique
1706 : Date d'édition
Alexis-Hubert Jaillot (1632-1712), géographe du roi dès 1686, est l'auteur de cette carte grand format intitulée « Les Estats de Savoye et de Piémont, le Dauphiné, la Bresse, partie du Lionnois et de la Provence, dediez au Roy ». L'auteur est présenté comme le « très humble, très obéissant, très fidèle sujet et serviteur de sa Majesté ». Ces informations sont contenues dans un cartouche, situé en haut à droite de la carte, aux armes du roi et décoré de rocailles et de divinités liées à l'eau. Deux autres cartouches indiquent l'échelle ainsi que les légendes, appelée remarques, des dessins liés aux toponymes. En effet, les noms de lieux sont accompagnés d'un symbole permettant de différencier les villes, les bourgs, les villages, les châteaux, les hameaux et les censes. Le réseau hydrographique est représenté avec beaucoup de détails, contrairement aux voies de communication, qui sont même quasiment absentes dans certaines régions comme le Chablais. L'emplacement des forêts est indiqué à l'aide d’arbres nettement individualisés. La perspective cavalière, utilisée pour représenter le relief, autorise une grande subjectivité au cartographe. Alexis-Hubert Jaillot marque une nette différence entre les montagnes des Alpes et les montagnes du Vercors ou les collines du Viennois, représentées comme telles. En revanche, leur forme est quasiment identique. Même les sommets individualisés, qui portent un toponyme, n'ont pas une forme particulière ou caractéristique. Dans la région de Chamonix, il est à noter que les « Glacières », nom communément utilisé au 17e et 18e siècle pour désigner le massif du Mont-Blanc, sont situées au nord de « Chamunis ». Cette mauvaise localisation est fréquente dans les cartes de la fin du 17e siècle car la plupart des auteurs s'inspirent de la carte de Tommaso Borgonio de 1680. Sur cette carte dite « de Madame Reale », les Glacières, un massif haut et dense, sont situées au nord-est de Chamonix et marquent une partie de la frontière avec le Valais. Alexis-Hubert Jaillot représente également la « Mont Maudite », le nom qui précède celui de « mont Blanc », de manière erronée à mi-chemin entre Chamonix et le Léman. Une nouvelle fois, il est probable qu'il se soit inspiré d'une carte antérieure, notamment la carte « Sabaudia Ducatus. La Savoye » parue dans un atlas de la maison Hondius en 1630, sur laquelle la Montagne Maudite est très éloignée de la vallée de Chamonix (voir inv. AG.530). Sur la carte de Jaillot, plusieurs voies de communication passent par Chamonix. L'une des routes permet d'accéder au village de « Valorsine », en passant par « Forclaz » et en traversant « les Glacières », une autre relie Chamonix à Courmayeur par le « Col Major », l'ancien col du Géant. Il faut noter que cette route à travers le massif du Mont-Blanc est dessinée de la même manière que les routes des cols du Petit et du Grand-Saint-Bernard, alors qu'elle n'a probablement jamais existé. Un passage était peut-être possible avant le 17e siècle et l'avancée des glaces, mais il est fort peu probable qu'une véritable route ait été aménagée. De manière générale en cartographie, les cols sont les endroits les mieux documentés des régions d'altitude car ils constituent des lieux de passages importants et stratégiques, alors que les hautes montagnes et les glaciers ne revêtent pas encore un grand d'intérêt.
Gravure en creux avec rehauts en couleur sur une feuille de papier vergé pliée
Cartes - plans, Estampe
H. en cm : 135; L. en cm : 142
AG.545
Musée Alpin de Chamonix-Mont-Blanc