D'après l'acte de donation de la longue vue, alors désignée "lunette d'approche", celle-ci aurait été apportée par Horace-Bénédict de Saussure à Chamonix. Celui-ci est venu maintes fois dans la vallée entre 1760 et sa mort en 1799. En effet, le savant s'est très tôt intéressé au mont Blanc pour des raisons scientifiques. Il a donc observé la montagne sous toutes ses coutures dans l'espoir de trouver la voie d'accès au sommet. La longue-vue est constituée de lentilles de verre placés dans deux tubes emboités : le système de mise au point fonctionne grâce au déplacement de l'oculaire par rapport à l'objectif, en faisant coulisser le petit tube à l'intérieur de l'autre. D'ailleurs, d'après Saussure lui-même, la longue vue fait partie des instruments indispensables au "géologue voyageur" pour "observer les cimes inaccessibles et les montagnes éloignées" (Voyages dans les Alpes, tome 4, p. 535). A l'image des autres savants des Lumières, Saussure privilégie l'expérience sur le terrain et souhaite réaliser des expériences au sommet du mont Blanc, ce qu'il réussit finalement en 1787. Il étudie en autre la géologie (la forme de la cime et les types de rochers), la physique (observations de l'air et de sa raréfaction), la physiologie (les effets de l'altitude sur le corps humain) ou encore la température d'ébullition de l'eau à différentes altitudes.