Jusqu'au milieu du 19e siècle, il n'existe que très peu de cartes fiables des régions alpines, notamment du massif du Mont-Blanc et des glaciers. En 1842, James David Forbes est l'auteur de cette carte, qui est la première représentation précise, au 1/25 000, de la Mer de Glace et des montagnes et glaciers environnants. James David Forbes (1809-1868) est un physicien écossais, connu pour ses recherches sur la chaleur, mais également pour ses études des glaciers. Il découvre ce domaine notamment lors de sa rencontre avec le Suisse Louis Agassiz, en 1840. Les deux scientifiques se retrouvent l'année suivante, en 1841, sur le glacier du Grimsel (Suisse), où Louis Agassiz réalise des expériences. En 1842, Forbes poursuit ses recherches dans le domaine glaciaire en se rendant dans la région de Chamonix. A la suite de ce séjour, il publie le livre intitulé « Travels through the Alps of Savoy and other parts of the Penine chain, with observations on the phenomena of glaciers » en 1843. C'est dans cet ouvrage qu'est publiée la carte de la Mer de Glace et des environs. Le territoire représenté s'étend de l'aiguille Verte et du hameau du Lavancher (inscrit « Lavanchi ») à l'Est jusqu'au village de Chamonix et l'aiguille du Midi à l'Ouest. La vallée de Chamonix forme la limite nord de la carte et l'aiguille du Géant et les Petites Jorasses la limite sud. Le nord est situé en bas de la représentation. En haut à droite de la carte, le sommet du mont Blanc est figuré, sans que les alentours soient représentés de manière précise. Diverses altitudes de sommets, en pieds anglais, sont inscrites en bas à gauche de la carte. James D. Forbes explique sa démarche dans l'ouvrage de 1843 et indique s'être servi d'une base de mille yards (environ 914 mètres) entre Les Praz et Les Tines pour établir un système de triangulation. Les altitudes ont quant à elles été mesurées à partir de celle du Montenvers. Ces mesures lui ont permis de dresser la première carte détaillée de la Mer de Glace et d'une partie du massif du Mont-Blanc. Cette carte témoigne également de la dimension artistique et parfois subjective du dessin de rocher des premières représentations des territoires alpins. En effet, avant les cartes dressées par les topographes dans le premier quart du 20e siècle, sur lesquelles les rochers sont représentés grâce à un système établi de hachures ou aux courbes de niveau, les escarpements rocheux ne sont pas mesurés individuellement avec précision et leur rendu dépend alors en grande partie de l'auteur de la carte. Dans ce cas, Forbes s'est accompagné du graveur et dessinateur écossais Alexander Keith Johnston (1804-1871).