Cette estampe représente la source du Trient, qui s'échappe du glacier du même nom. Ce lieu se situe à la frontière entre la vallée de Chamonix et le Valais, à l'est du massif du Mont-Blanc. Un torrent occupe le premier plan, barré par des rochers et des troncs d'arbres. Sur la rive se trouve un chasseur avec son chien. Les berges sont occupées par de hauts conifères, quelques arbustes et branches mortes. A l'arrière plan se devine le front du glacier qui s'élève vers des montagnes abruptes. Sous l'image, un petit texte, en anglais et en français, décrit la scène et évoque son côté « sublime ». Cette notion est très importante au 18e siècle, elle s'attache à décrire les splendeurs de la nature et l'exaltation du voyageur face à ces paysages grandioses. Le sublime dépasse le beau et le grand puisqu'il bouleverse le voyageur jusqu'au plus profond de son âme. A cette époque, les Alpes sont propices à ces représentations et à ces descriptions emphatiques : « la vue de ces colosses de glace auprès desquels nous sommes comme effrayés de notre petitesse, celle des montagnes primitives qu'on pourroit appeler la charpente du monde, l'apparence du chaos où existe en effet l'ordre le plus profond, celle de la désolation où nous ne devons apercevoir que la cause de la fertilité de nos campagnes, tant d'objets extraordinaires, de rapprochements singuliers, de sensation qu'on n'éprouve point ailleurs [...] ». Cette estampe a été gravée en Angleterre. Les britanniques montrent un intérêt particulier pour le mont Blanc depuis le milieu du 18e siècle, qu'ils sont parmi les premiers à visiter et à décrire lors de leur Grand Tour, attisant ainsi la curiosité de leurs compatriotes.