Cette estampe, réalisée d'après un dessin de Jean-Daniel Huber représente le chemin qui mène à la vallée de Chamonix. Plus précisément, il s'agit de la portion entre Servoz et Les Houches qui se nomme « les Montées Pélissiers ». Ce chemin abrupte serpentait dans la montagne, au bord de la rivière Arve et ne pouvait être pratiqué qu'à pied ou à dos de cheval. C'est ce que décrit un voyageur en 1783 dans un ouvrage intitulé « Voyage d'un amateur des arts » : « Le chemin d'ici à Chamouny est impraticable avec des voitures ; il faut nécessairement les quitter et s'y rendre à cheval (…) la route devient de plus en plus montueuse et difficile, sans cependant offrir aucun danger. On traverse l'Arve plusieurs fois sur des ponts de bois d'une construction hardie et singulièrement ingénieuse & légère. » (p. 296). C'est un de ces ponts qui est artificiellement placé au premier plan alors que la rivière passe en réalité dans le gouffre en contrebas. Le chemin monte sur la droite à flanc de montagne sur lequel s'aventurent des touristes à dos de cheval, menés par des guides à pied. Des escarpements rocheux et boisés apparaissent sur la gauche alors qu'en arrière plan s'élève le massif du Mont-Blanc. Cette image témoigne des débuts du tourisme à Chamonix. L'accès à la vallée constituait alors un voyage long et impressionnant dans les montagnes. Ce voyage était principalement entrepris par des aristocrates européens, au sein de leur Grand Tour. Par ailleurs, cette image rappelle aussi la réutilisation des modèles dans la gravure. En effet, le musée conserve deux autres gravures qui utilisent ce paysage en adaptant le premier plan, en faisant varier les personnages ou le sentier.